Les géants du Nideck

 

Au-dessus de la porte d’entrée du château inférieur, une plaque rappelle le souvenir d’Adalbert von Chamisso, qui rendit célèbre la légende des géants du Nideck.
Or donc, une lignée de géants habitait sur ces rochers sauvages. Un jour, la petite fille, qui s’ennuyait, sortit du château et descendit en quelques pas vers la vallée. La cascade ne représentait pas plus qu’une marche d’escalier et peut-être renversa-t-elle quelques sapins sur son passage. Arrivée à Oberhaslach, elle eut l’impression de nos enfants d’aujourd’hui devant un village Playmobil. C’était tellement beau qu’elle emporta dans son tablier le laboureur avec son cheval et sa charrue. Mais quand elle le montra à son père, celui-ci, mécontent, l’obligea à les reporter, et lui expliqua que les paysans leur étaient bien nécessaires, car c’étaient eux qui cultivaient le blé dont on fait le pain, et sans eux, tout géants qu’ils étaient, ils mourraient de faim. C’est un devoir pour les géants de respecter les hommes sans qui ils ne pourraient vivre.
On comprend bien, en voyant la hardiesse avec laquelle le château est planté au bord du vertigineux précipice, comment une telle légende a pu naître. Ces géants, protecteurs du paysan, protecteurs de la civilisation, devaient apparaître ainsi à ceux qui, de la vallée, apercevaient ce nid d’aigle. Mais les seigneurs du moyen-âge, entourés de tout leur apparat et quelle que soit leur taille, devaient aussi apparaître comme des géants aux yeux de leurs serfs, à qui ils devaient aide et protection.
Une légende sans doute un peu trop morale, mais qui exprime aussi une peur, dans cet appel au respect des petites gens aux puissants.
C’est ainsi, qu’après avoir longtemps circulé dans la région, où ces lieux, dominés par le sombre Schneeberg, inspiraient une sorte de terreur sacrée, la légende fut contée à la fille du célèbre auteur strasbourgeois Schweighaeuser. C’est ainsi qu’un jour de 1808, Charlotte Engelhart (1781-1864) apprit l’histoire de la bouche d’un forestier.
En 1814, Jacques Grimm, de passage à Strasbourg, entendit sans doute l’adaptation de Charlotte Engelhardt en alsacien, à la maison de Schweighaeuser. Quand, deux ans après, les frères Grimm éditent leurs légendes allemandes, celle du Nideck y figure. C’est alors que le poète Adalbert von Chamisso en fit la célèbre poésie qui allait rendre le Nideck célèbre dans tous les pays germaniques et dans le monde entier !