Histoire et légendes du Ban de la Roche

Le château de Bellefosse

Le château de Bellefosse protégea les villageois du Ban de la Roche jusqu’à sa destruction, à la fin du Moyen Age, sur l’ordre de l’évêque de Strasbourg. Celui ci accusait de brigandage le seigneur du lieu, Gérothée de Rathsamhausen. Encore aujourd’hui, nos voisins piennerés racontent des sornettes abracadabrantes de souterrains et d’oubliettes dans lesquels il aurait torturé de riches bourgeois pour leur faire avouer où était leur magot. Comme si des richards avaient eu quelque chose à faire à Bellefosse ! Il n’y passe aucun grand chemin, que je sache ! alors, qu’est ce qu’un bandit de grand chemin pourrait bien avoir à y faire ? Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ! Un vrai Ban de la Rochois sait que son château l’a toujours protégé, par des moyens militaires tant qu’il a tenu debout, puis par des moyens magiques. Si ne me croyez pas, prenez les vieux registres d’état civil, qui sont tous postérieurs à la destruction du château. Vous verrez que, durant le terrible 17ème siècle, qui vit la population du Ban passer de 1200 à 100 ou 200 habitants, l’on survivait fort bien à Bellefosse, au pied du château. Les familles y avaient 5, 6, 10 enfants, ils ne mouraient pas prématurément, et ils faisaient souche à leur tour. On peut dire que Bellefosse a en grande partie repeuplé le reste du Ban de la Roche. Un jour, mes parents et moi eûmes l’idée d’aller visiter ce village auquel nous devons la survie de nos ancêtres, donc notre existence. Nous étions sur une route départementale, loin de toute habitation. Nous demandâmes à un vieil homme de nous indiquer Bellefosse. ” Vous y êtes “, répondit il. A perte de vue, s’étendait la campagne déserte. Fort surpris, nous demandâmes le centre ville. ” Vous y êtes “, répéta notre interlocuteur avec obstination. Explications données, il voulait dire par là qu’il y avait autant de hameaux devant que derrière, et autant à droite qu’à gauche, tous à quelque distance.
Au Ban de la Roche, il n’y a pas que les lieux souterrains qui sachent être invisibles.

La Perheux

Il est bien dommage de ne pas en savoir plus sur ce fameux pèlerinage, qui fut sans doute païen, puis catholique avant d’être converti au protestantisme sous la forme de grandes fêtes de Pentecôte à Belmont. Il faut malheureusement reconnaître que tout ce qui n’est pas mémoire protestante tend à tomber dans l’oubli.

La Perheux était, au Moyen Age et à la renaissance, le lieu des exécutions capitales. Les pèlerins qui venaient à la chapelle de Belmont jetaient des pièces d’argent pour racheter les âmes des condamnés. C’est peut être pour cela qu’on dit qu’il y a un trésor enfoui à la Perheux.
Par ailleurs, il faut se souvenir qu’au Moyen Age, un des modes d’exécution prisé des seigneurs consistait à enterrer le condamné jusqu’au cou et à le laisser ainsi.
D’où sans doute la légende du “trésor qui crie”, qui a sans doute correspondu à une réalité. En effet, en passant par La Perheux, on devait parfois croiser ces têtes en train de hurler. Comme c’est là aussi que les pieux pèlerins, qui étaient nombreux, jetaient des pièces pour le rachat des âmes, on peut imaginer, en théorie, cette scène dantesque : de pauvres hères, poussés par la faim, osant ramasser les pièces parmi les têtes hurlantes.

Dans un registre mineur, dans des périodes plus paisibles, il devait être relativement courant de trouver une piécette par terre en passant par La Perheux. Il devait être tentant de la ramasser, car les gens étaient très pauvres, et les exécutions capitales pouvaient à certaines époque apparaître comme de l’histoire ancienne.

Mes ancêtres sorcières ont été brûlées à La Perheux.

Source : Monique François 2003 ( Extraits de Vérités et légendes du vieux Ban de la Roche dans Histoire-genealogie.com)

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